L’Outarde canepetière consomme des végétaux et des invertébrés qu’elle prélève selon les disponibilités saisonnières
En automne et en hiver, l’outarde se nourrit principalement de végétaux car les disponibilités en insectes sont faibles mais pendant la saison de reproduction, les proportions de végétaux consommés diminuent en faveur des invertébrés, indispensables en particulier aux femelles pour la constitution des œufs. Seuls les poussins et les jeunes se nourrissent essentiellement d’insectes capturés par la femelle.
En plaine cultivée, les plantes les plus consommées par l’outarde sont les feuilles et les jeunes pousses de Légumineuses et de Crucifères. Les invertébrés capturés sont préférentiellement des Orthoptères (sauterelles, criquets et grillons) et des Coléoptères (carabes) mais l’outarde ne dédaigne pas les papillons, les mouches, les larves, les escargots et les vers de terre.
Un système social particulier : le lek éclaté
La reproduction de l’espèce repose sur un système d’appariement de type « lek éclaté » dans lequel les mâles défendent des territoires contigus, de 1 à 3 hectares, conquis de haute lutte. L’ensemble de leurs territoires forme une arène ‘éclatée’ où les mâles paradent sur des places de chant situées à moins de 500m les unes des autres.
Lors de ces parades exubérantes, les mâles hérissent leur collerette, produisent des chants répétés, tambourinent avec leurs pattes sur le sol, battent des ailes en les faisant siffler et effectuent de brefs bonds en l’air.
Certains individus des deux sexes s’associent de façon régulière en couple mais il est généralement admis que les mâles peuvent s’accoupler avec plusieurs femelles.
Les outardes rejoignent les sites traditionnels de reproduction fin mars-début avril
Les outardes mâles et femelles doivent répondre à des contraintes écologiques différentes, parfois même opposées
Les Otididés vivent originellement dans les milieux steppiques et ont des mœurs principalement terrestres.
En France, l’Outarde canepetière affectionne les régions ouvertes, présentant peu de relief et bénéficiant d’un climat chaud et sec et d’un sol drainant calcaire ou crayeux. Les steppes semi-arides relictuelles de la plaine de Crau forment un habitat prisé ainsi que les plaines cultivées, habitat de substitution regroupant les caractéristiques indispensables à l’installation de l’espèce. Les zones peu exploitées tels que les aérodromes ou les camps militaires peuvent aussi être sélectionnées.
L’habitat des femelles doit répondre à des exigences liées à la dissimulation des nids et à l’élevage des poussins. Les couverts de prédilection apportent donc à la fois protection et disponibilités alimentaires élevées. Les mâles, eux, doivent être vus par les femelles et, en conséquence, les couverts qu’ils sélectionnent présentent une faible hauteur de végétation.
Ces contraintes opposées sont plus manifestes dans les plaines cultivées, dans lesquelles les mâles sélectionnent typiquement les cultures rases (labours, semis, chemins, maraîchage, vigne arrachée) alors que les femelles recherchent les couverts de types prairiaux (luzernières, prairies de fauches). En milieu agricole, l’habitat optimal se compose donc d’un assolement varié en mosaïque.
En Crau, l’hétérogénéité intrinsèque des habitats pastoraux suffit à couvrir les besoins des deux sexes quel que soit le type de formation végétale fréquentée (e.g. coussoul, friches et herbes de printemps).